1451, 17 mai. — Paris.

Charles, duc de Bourbonnais et d'Auvergne, etc., confirme la transaction passée en 1313 entre Guichart VI, sire de Beaujeu, et le couvent de Saint-Pierre-lès-Mâcon au sujet de la justice des lieux de Misery et Flury, en dépit de son inapplication par ledit couvent depuis cinquante ou soixante ans, en stipulant que les justiciables du couvent seront tenus aussi bien que ses autres sujets de la châtellenie de Thoissey à contribuer aux réparations, gardes, dons et tailles.


A. Original français sur parchemin, signé, jadis scellé, endommagé1. Charles, a tous et religieux sont ornementés de cadelures sur la première ligne. 500 x 500 mm., dont repli 73 mm. Paris, Archives nationales, P 1368/2, n°1607.

Analyse : Titres de Bourbon, II, p. 302, n°5879.


Charles, duc de Bourbonnois [et d'Auvergne], conte [de Clermont] et de Fourez, seigneur de Beaujeu et de Chastel Chinon, per et chamberier de France, a tous ceulx qui ces presentes lettres verront, salut. Comme les religieux, prieur et couvent [de] Saint Pierre les [Mascon] [nous ont ?] par plusieurs foiz supplié et requis que [les] voulsissions laisser et souffrir joÿr et user de la juridiccion et justice des lieux et appertenances de Miserie et Flurie, a eulx appertenans, se comme ilz [disent], par lettre de composicion et (trou) ja pieça fetes entre feu messire Guichart, seigneur de Beaujeu, d'une part, et lesdiz religieux, prieur et covent d'autre, esquelles jurisdiccion et justice noz gens et officiers de Beaujeulois ou quoy que soit [en nostre chastellanie de Toyssey] (trou) [ont empeschees] et mises en nostre main, pour ce que lesdiz lieux et appartenances de Miserie et Flurie sont situés et assiz en nostredicte chastellenie de Toissey, et par consequent les [disoient estre] de [la jurisdiccion et] justice car il ne leur [apparoit] point du contraire, [ne que] lesdiz religieux en eussent joÿ ne usé de long temps ne en maniere vallables, lesquelz religieux disoient au contraire et [l'ont feroient preuve tant] par lesdictes lettres de composicion que par usance souffisant, surquoy eussions appoincté nosdiz officiers et autres gens de nostre conseil en Beaujeulois veoir et visiter lesdictes lettres de composicion, usance, exploiz et autres tiltres dont lesdiz religieux se vouldroient aidier, et les oÿr et aussi nostre procureur, a tout ce qu'ilz et chascun d'eulx vouldroient dire et alleguer sur ce l'une partie contre l'autre, et, ce fait, nous rapporter et certiffier la verité de la matiere ensemble leurs avis, [pour y] ordonner comme il appertiendra de raison, lesquelz noz officierz et conseillers, fait et executé ce que dit est, nous aient relaté avoir veu et leu de mot a mot les lettres de composicion dont dessus est fete mencion, avec quelque pona de registres et exploiz tres vieils et enciens produiz par lesdiz religieux touchans ladicte usance, desquelles lettres de composicion nout ont rapporté la teneur estre telle. [Ici est vidimé l'accord passé au mois de juillet 1313 entre Guichard VI, seigneur de Beaujeu, et Gaufred, prieur de Saint Pierre les Mâcon.] Et que de la part de nostredit procureur a esté fort obici et debatu au contraire, disant que lesdictes lettres de composicion estoient et devoient estre de nulle valeur, consideré l'antiquité d'icelle, et que lesdiz religieux n'avoient aucunement usé de ladicte justice et n'en apparoit en forme vallable au moins despuiz cinquante ne soixante ans en ca, ou quoi que fust despuiz temps souffisant que prescripcion n'en fust et eust esté encourue et le droit avons requis, et lesdiz religieux tousjours replicquerent le contraire, et que se de fresche memoire usé n'en avoient, ce avoit esté par l'empeschement des guerres et divisions de ce royaume, dont de bonne equité devoient estre relevez, et tout oy, veu et consideré, combien que lesdictes lettres de composicion soient saines et entieres, toutesvoyes oyes les raisons et replicques de nostredit procureur, pour ce que de tres longtemps lesdiz religieux n'ont usé de ladicte justice et que lesdictes guerres dont se excusent ne ont eu aucun cours du costé de l'empire ou sont situez lesdiz lieux de Meserie et Fluries, a semblé a nosdiz officiers et gens de conseil la chose estre fort doubteuse et de droit ne pourroit estre dessise sans grant flruppide de conscience, savoir faisons que nous, consideré ce que dit est, et car ne voldrions aucune chose retenir de ladicte eglise, ains accroistre et augmenter les droiz et prerogatives d'icelles, avons, par l'advis et deliberacion de nosdiz officiers et gens de conseil, sur ce comme de chose doubteuse et incertaine, appoincté, ordonné, passé et accordé, appoinctons, ordonnons, passons et accordons par ces presentes ce qui s'en suit : c'est assavoir que doresenavant lesdiz religieux, prieur et couvent de Saint Pierre lez Mascon auront, joÿront et useront paisiblement et sans contredit de la juridicion et justice desdiz lieux de Miserie et Flurie et leur appertenance selon la fourme et maniere contenue et declairees esdictes lettres de composicion dessus transcriptes, sanz y riens muer ne changer, sauf et reservé toutesvoyes que les hommes et tenemens sur lesquelz iceulx prieur et couvent pretendent avoir ladicte justice seront et demoreront tenuz et abstrains de ressortir et contribuer entierement audit lieu de Toyssey avecques noz hommes et subgets de ladicte chastellenie en reparacion et fortifficacions, cappitainnaige, guet, garde et aussi en tous dons et taillez que nous seront faiz, donnés et mis sus de par nous et noz successeurs en ladicte chastellenie de Toissey, et en tous autrez faiz et contribuables, reservant aussi a nous noz ressort, souveraineté et autrez droitz seignoriaulx, et sans prejudice d'iceulx en aucune meniere. Si donnons en mandement par ces mesmes presentes a noz amez et feaulx gens de noz comptes, bailly, juge et procureur de Beaujeuloys, cappitaine, chastellain et procureur de Toissey, et a tous noz autres justiciers et officiers presens et ad venir, ou a leurs lieuxtenans, et a chascun d'eulx, si comme a luy appartiendra, que s'il leur appert desdictes lettres de composicion et leur contenu estre tel que dessus est decleré et transcript, ilz facent, laissent et soufrent lesdiz religieux, prieur et couvent joÿr et user plainement, paisiblement et perpetuellement desdictes juridiction et justice de Miserie et Flurie soubz les condicions et reservacions dessus touchees et declairees, sanz leur faire ou donner, ne soufrir estre fait et donné ores ne pour le temps ad venir, aucun ennuy, destourbier ou empeschement au contraire, maiz iceulx empeschemens et main mise esdictes juridictions et justice ostent et lievent et les leur mettent a pleine delivrance, car ainsi nous plaist il et voulons estre fait. Et affin que ce soit ferme et estable chose a tousjours maiz, nos avons fait mettre nostre seel a ces presentes, sauf en autrez choses nostre droit et l'autruy en toutes. Donné a Paris, le dix septyesme jour de may, l'an de grace mil quatre cens cinquante et ung.

Par monseigneur le duc, messire Loys Mareschal, sire d'Apinac, chevalier, et autres presens,

(Signé :) Gon.


1. La partie haute du document, notamment à droite, est tâchée, rendant la lecture difficile quand elle n'est pas irréalisable sur les neuf premières lignes. Le parchemin est en outre froissé, occasionnant de nouvelles difficultés. Dans la transcription, (trou) signifie que l'encre est effacée ; un mot entre crochets [ ] que seulement une partie du mot est effacée, sans empêcher sa restitution ; enfin un mot entre crochet suivi d'un point d'interrogation est une proposition pour combler un trou.

  1. Pon de registres : sic. Comprendre pan de registres, c'est-à-dire "partie de registres".

Édition : Jean-Damien Généro .

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