1401, 26 juillet. — Montmerle.
Louis, duc de Bourbonnais etc., en vertu de l'accord passé avec Éléonore de Beaufort, dame de Beaujeu, asseoit les 2000 livres de rente sur divers biens et revenus sis en Beaujolais qu'il s'était engagé à lui remettre sa vie durant pour son douaire.
A. Original perdu.
B. Copie insérée dans un vidimus passé sous la sceau du baillaige de Mâcon, en date du 30 juillet 1401. Le vidimus comprend aussi copie du traité dont il est question dans l'acte entre Louis de Bourbon et Éléonore de Beaufort, veuve d'Édouard, seigneur de Beaujeu, qui avait été passé sous le sceau du bailliage de Mâcon le 4 octobre 1400. Paris, Archives nationales, P 1367/2, n°1577.
Analyse : Titres de Bourbon, II, n°4404, p. 129.
Loÿs, duc de Bourbonnois, conte de Forez, baron et seigneur de Beaujeu, per et chamberier de France, a tous ceulx qui ces presentes lettres verront, salut. Savoir faysons que comme pour certain tractié et acort fait et passé naguayres entre nous et nostre tres chiere et amé cousine dame Helienor de Beaufort, dame de Beaujeu, nous feussions tenu a ly asseoir deux mille livres de rante en valour en nostre païz de Beaujeulois pour son douaire comme plus a plein est contenu audit tractié et accort, nous, desirans enteriner et acomplir ledit tractié er accort a ycelle nostre cousine pour ladicte cause, avons assis, baillié et delivré et par ces presentes asseons, baillons et delivrons en douaire et a la vie d'icelle seulement en payement et plaine satiffacion desdictes deux mile livres les choses qui s'ensuyvent, c'est assavoir les chasteaulx de Poilly et de Montmalast avec les prouffiz, rantes, esmolumens et juridicion par la maniere contenue audit accort ; item les rantes, chacipollieres, four, loyde et droilles1, prés, pastages et tous autres pasturages, emsemble menu boys revenans de Chamelet ; item les rantes en deniers de Villefranche, le peage, les loydes du Petit Cours et des Coppons dudit lieu de Villefranche, le disme des blés et des vins de Glaise, emsemble les drulliez desdictes choses, se non les drulliés desdiz Coppons, retenu et reservez a nous touz autres droiz dudit lieu de Villefranche. Item lui baillons les rantes et dysme de Claveysolles, de Saint Bonet, de Troucy, de Tourneyon et de Drace, et le pris de la cense de nostre chacipolliere de Torneyon, laquelle sera accensee par nous gens et officiers, et ne aura ne prendra nostredicte cousine aux lieux et choses dessus dictes autres droiz fors ceulx qui cy dessus sont declairés et exprimés, et parmi ce nostredicte cousine se tiendra contente de ladicte assiete, et nous en sera tenue de passer et baillier lettres de quictance bonne et en forme vallable. Si donnons en mandement a noz amez et fealx gens de noz comptes en nostredit païz de Beaujeuloiz et a tous noz autres officiers audit païz que en prenant lesdictes lettres de quictance souffrent et leissent nostredicte cousine joïr et user de ladicte assiete car ainsi le voulons, et avons octroyé par ces presentes faictes et donnees en nostre chastel de Montmerle, le mardi XXVIe jour de juillet, l'an de grace mil IIIIC et un.
Par monseigneur de Norry, lieutenant general de monseigneur le duc de Bourbonnois2, et le conseil de mondit seigneur ouquel estoyent les balli de Bourbonnois3 et de Beaujeuloiz4, messire Jehan le Viste5 et les gens de la chambre des comptes.
(Signé :) J. Chaumoise.
1. Droille/drouille, drullié : terme et acception à rapprocher peut-être de drouille/druella/drueillia dans l'espace savoyard et lyonnais, dans le sens de "complément à un prix de vente dans un achat" : cf. J. Désormeaux, "Un ancien terme du droit féodal survivant en patois savoyard", Revue savoisienne, LIX, 1920, p. 68-71.
2. Originaire du Nivernais, Pierre de Nourry est l'un des principaux conseillers de Louis II. Il est attesté comme conseiller du début de 1360 à 1410. Il occupe la charge de lieutenant général à plusieurs reprises à partir des années 1370 jusqu'à la fin du principat du duc en 1410 (A. Leguai, De la seigneurie à l'État. Le Bourbonnais pendant la guerre de Cent Ans, p. 283-291 ; O. Mattéoni, "Entre fidélité et compétence. Les conseillers du duc Louis II de Bourbon", p. 180 et 183 et suiv.). Il fait l'objet d'un jugement élogieux dans la Chronique du bon duc Louis de Bourbon par Cabaret d'Orville qui vante ses qualités de gestionnaire et de réformateur des finances ducales (Chronique du bon duc, p. 160-164, 275-280). Il était membre de la Cour amoureuse fondée en 1401 par Louis II et le duc de Bourgogne Philippe le Hardi (C. Bozzolo et H. Loyau, La cour amoureuse dite de Charles VI, I, n°201, p. 139).
3. À cette date, le bailli de Bourbonnais est Blain Loup. Seigneur de Beauvoir, chambellan du duc, il est cité à plusieurs reprises dans la Chronique du bon duc Louis de Bourbon comme maréchal de Bourbonnais dans les années 1370 et 1380 (Chronique du bon duc, p. 138, 139, 145, 146, 151, 154, 170, 172, 185, 201). Il participe aussi à la croisade de Barbarie en 1390 (Ibid., p. 231). Il occupe la charge de bailli dans les annés 1390-1400, sa dernière mention dans l'office étant en 1408 (O. Troubat, La guerre de Cent Ans, II, p. 725 ; A. Leguai, "Baillis et sénéchaux", p. 71).
4. À cette date le bailli de Beaujolais est Jean Nagu. Seigneur de Varennes, il est commis en mai 1400 avant d'être institué le 4 mai 1401 (Mémoires pour servir à l'histoire de Dombes..., par Louis Aubret..., II, p. 401).
5. D'origine lyonnaise, conseiller du duc, Jean Le Viste devient chancelier du duc en 1408 (O. Mattéoni, "Écriture et pouvoir princier", p. 147-149 ; R. Fédou, Les hommes de loi lyonnais à la fin du Moyen Âge, p. 340-341).
Édition : Olivier Mattéoni .
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