1400 (n. st.), 13 janvier. — Paris.
Louis, duc de Bourbonnais etc., accorde des lettres de rémission à Huguenin de la Condemine, Guillaume et Humbaut Maréchal, qui ont battu et blessé à mort Jean Tortier, lequel avait connu charnellement et engrossé Marguerite de Boulee, femme de Guiot du Boyau et leur belle-sœur et cousine.
A. Original perdu.
B. Vidimus passé sous le sceau de la chancellerie de Bourbonnais en date du mercredi 28 janvier 1400 (n. st.), signé de Jehan Vigier, clerc juré de ladite chancellerie. Paris, Archives nationales, P 1376/2, n°2710.
a. Titres de Bourbon, II, n°4251, p. 106-107.
Loÿs, duc de Bourbonnoys, conte de Forez, per et chamberier de France. Savoir faisons a tous presens et avenir, a nous avoir esté exposé par Huguenin de la Condemine, Guillaume Mareschal et Hunbaut Mareschal, escuiers, comme Jehan Tortier dit Donnerel, filz de Jehan Tortier, ait par aucun temps demouré et servy en l'ostel de Guillaume de Boulee, escuier, qui avait une belle fille appellee Margarite, de l'aage de dix huit ans ou environ, lequel Jehan Tortier qui estoit marié, de sa malvaise volenté solicita, deceut et induit par pluseurs foiz ladite Marguerite tellement qu'il la congneust charnelment et l'engroissa, et environ la feste de Toussains derrainement passé Guiot du Boyau, escuier, eust demandee par mariage audit Guillaume de Boulee ladite Marguerite, laquelle lui fut donnee a femme, et l'espousa le mardi devant la feste de Saint Martin d'iver derreinement passee, et furent ensemble par trois jours, et au quatriesme jour ladite Marguerite en plorant dist a sondit mary comme ledit Jehan Tortier l'avoit deceue et engroissee, lequel Guiot, de ce moult troublé et couroucié et non sanz cause, se leva du lit d'emprés ladite Marguerite, sa femme, ou il estoit couchié et vint par devers le pere d'icelle et lui dist qu'il reprist sadite fille et qu'il la lui laissoit pour telle qu'il lui avoit baillee et qu'il ne vouloit riens de chose qu'il lui eust promis et baillié en mariage. Lesquelx exposans, qui sont amis et affins de ladite Marguerite, c'est assavoir ledit Guillaume Mareschal qui a expousee la suer de ladite Marguerite, ledit Huguenin de la Condemine qui a a femme la cousine germaine d'icelle Marguerite, et le dessus dit Hunbaut Mareschal qui est filz de la cousine germaine de ladite fille, dolens et courouciez de l'injure, vilenie et deshonneur que ledit Jehan Tortier, filz dudit Jehan Tortier, avoit faite a ladite Marguerite, leur cousine, et a tout le lignage, mesmement qu'il s'en estoit vanté et moqué pluseurs foiz, meuz de chaleur, vindrent le jour de ladite feste de Saint Martin d'iver, en la ville de la Felline1, en l'ostel de Guillaume Thomas ouquel ilz trouverent ledit Jehan Tortier, lequel ilz batirent et navrerent en pluseurs parties de son corps tellement que, cinquante jours aprés ou environ, la mort s'en ensuy en la personne d'icellui Jehan Tortier, filz dudit Jehan Tortier. Pour lequel cas et delit lesdiz exposans, doubtans rigueur de justice, se soient absentés de nostre pays de Bourbonnoys et n'y osent retourner, et ilz soient et aient esté tout leur temps en autre cas de bonne famme, renommee et de honneste conversacion sanz avoir esté reprins, atains, ne convaincus d'autre villain blasme, delit ne meffait si comme ilz dient, en nous humblement suppliant que il nous pleust a eulz sur ce impartir et estandre nostre grace et misericorde. Nous, actendu et consideré les choses dessus dictes, de notre certaine science et grace especial, ausdiz exposans et a chacun d'eulz ou cas dessus dit avons pardonné, quicté et remis, et par ces presentes pardonnons, quictons et remectons le cas et delit dessus declaré, avecques toute paine et offense corporelle et criminelle qu'ilz puent avoir encouru envers nous et justice pour occasion de ce que dit est, et les restituons a leur bonne famme, renommee au pays et a leurs biens non confisquez, sattisfaction faite a partie premierement et avant toute euvre se faite n'est, en imposant sur ce scilence perpetuel a notre procureur, parmi ce toutevoye que incontinent qu'ilz seront retournez es notredit pays de Bourbonnoys, ilz se renderont en noz prisons et ilz demouront un moys, c'est assavoir ledit Huguenin de la Condemine en notre chastel de Chantelle2, et lesdiz Guillaume et Hunbaut en notre chastel de Bourbon3, et chacun d'eulz fera chanter cinquante messes, et dedens troys moys ilz yront de leurs hostelz a pié a Notre Dame du Puy en pelerinage et ilz feront leurs offrandes. Si donnons en mandement par ces meismes lettres a notre bailli de Bourbonnoys et a tous noz autres justiciers presens et a venir et a leurs lieutenanz et a chascun d'eulz, si comme a lui appartendra, que de notre presente grace, pardon et remission ilz facent, laissent et sueffrent lesdiz exposans joïr et user paisiblement sens les molester ou souffrir estre molestez aucunement au contraire, mais leurs biens non confisquez pour ce pris, saisiz, arrestez ou empeschiez leur mectent ou facent mectre sanz delay a plaine delivrance. Et que ce soit ferme et estable a toujours mais, nous avons fait mectre nostre scel a ces lectres donnes a Paris, en notre hostel de Bourbon, l'an de grace mil trois cens quatre vins dix neuf, le treziesme jour de janvier.
Par monseigneur le duc, monseigneur de Norry4, present.
(Signé :) J. Babute.
1. Laféline : Allier, ar. Moulins, c. Souvigny.
2. Chantelle : Allier, ar. Moulins, c. Gannat.
3. Bourbon-l'Archambault : Allier, ar. Moulins, ch.-l. c.
4. Originaire du Nivernais, Pierre de Nourry est l'un des principaux conseillers de Louis II. Il est attesté comme conseiller du début de 1360 à 1410. Il occupe la charge de lieutenant général à plusieurs reprises à partir des années 1370 jusqu'à la fin du principat du duc en 1410 (A. Leguai, De la seigneurie à l'État. Le Bourbonnais pendant la guerre de Cent Ans, p. 283-291 ; O. Mattéoni, "Entre fidélité et compétence. Les conseillers du duc Louis II de Bourbon", p. 180 et 183 et suiv.). Il fait l'objet d'un jugement élogieux dans la Chronique du bon duc Louis de Bourbon par Cabaret d'Orville qui vante ses qualités de gestionnaire et de réformateur des finances ducales (Chronique du bon duc, p. 160-164, 275-280). Il était membre de la Cour amoureuse fondée en 1401 par Louis II et le duc de Bourgogne Philippe le Hardi (C. Bozzolo et H. Loyau, La cour amoureuse dite de Charles VI, I, n°201, p. 139).
Édition : Olivier Mattéoni .
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