1399, 24 juillet. — Thiers.
Louis, duc de Bourbonnais etc., retient Micho de Polio, en raison des bons services assurés en tant qu'officier de l'échansonnerie de la duchesse durant longtemps, comme maître des garnisons des blés et des vins pour l'hôtel de la duchesse aux pays de Bourbonnais et de Forez, aux gages que lui fixera le sire de Nourry, conseiller et chambellan du duc et son "général gouverneur" en sesdits pays, et mande aux gens des comptes de Moulins que, une fois le serment accoutumé en tel cas reçu, ils l'instituent dans ledit office.
A. Original perdu.
B. Copie datée du 18 août 1399, date à laquelle la lettre a été enregistrée à la Chambre des comptes de Montbrison1, dans un des registres papier de la Chambre des comptes de Montbrison. Archives départementales Loire, B 1837, fol. 87v.
Loÿs, duc de Bourbonnois, conte de Forez, per et chamberier de France, a touz ceulx qui ces lettres verront, salut. Savoir faisons que pour le bon raport que fait nous a esté de la personne de Micho de Polio, et pour consideracion des bons services qu'il a par long temps faiz comme officier de l'eschançonnerie de nostre tres chiere et tres amee compaigne la duchesse, ycellui Micho avons ordenné et retenu, ordonnons et retenons par la teneur de ces presentes en maistre dez garnisons de blez et de vins pour l'ostel de nostredicte compaigne en noz païs de Bourbonnois et de Forez a telx gaiges que par nostre amé et feal chevalier conseiller et chambellan le sire de Norry, general gouverneur de nosdiz païs, lui seront ordennés et taxés tant comme il nous plarra. Donnans en mandement a noz amés et feaulx gens de noz comptez a Molins que, receu dudit Micho le serement en tel cas acostumé, ilz le mectent et instituent ou facent mectre et instituer de par nous en possession et saisine dudit office, et d'icellui et des drois, proffiz et emolumens que y appartiennent le facent, seuffrent et laissent joïr et user paisiblement et a lui obeïr et entendre de tous a qui appartiendra en toutes choses touchans ledit office et lesdiz gaigez a lui ainsi ordennez lui facent payer doresenavant aux termes et en la maniere acostumez. Et par raportant ces presentes ou vidimus d'icelles soubz seel autentique pour la premiere foix et quictance sur ce, tout ce que payé lui aura esté a la cause dessus dicte sera alloué ez comptes et rebatu de la recepte de cellui a qui il appartiendra par nosdictes gens dez comptes sans contredit aucun, non obstant ordenances ou deffenses au contraire. En tesmoign de ce, nous avons fait mectre notre seel a ces presentes. Donné en nostre ville de Montbrison, le XXVIIIe jour de juing, l'an de grace mil CCC IIIIXX et dix neuf. Par monseigneur le duc en son conseil auquel estoient monseigneur de Norry2, messire l'Ermite de la Faye3 et autres.
(Signé :) Rigaut.
1. On lit à la suite de la copie, au bas du même folio : "Et au doz des dictes lettres est escript ce qui s'ensuit : “Ces lettres furent enregistrees a la chambre des comptes a Molins du commandement de messeigneurs et fit le serement le dit Micho le XXIIIIe jour de juillet l'an mil CCC IIIIXX et dix neuf”. (Signé :) Cadier". Registrate fuerunt in camera computorum Forensis die XVIIIa augusti anno Domini M° CCC° nonagesimo nono.
2. Originaire du Nivernais, Pierre de Nourry est l'un des principaux conseillers de Louis II. Il est attesté comme conseiller du début de 1360 à 1410. Il occupe la charge de lieutenant général à plusieurs reprises à partir des années 1370 jusqu'à la fin du principat du duc en 1410 (A. Leguai, De la seigneurie à l'État. Le Bourbonnais pendant la guerre de Cent Ans, p. 283-291 ; O. Mattéoni, "Entre fidélité et compétence. Les conseillers du duc Louis II de Bourbon", p. 180 et 183 et suiv.). Il fait l'objet d'un jugement élogieux dans la Chronique du bon duc Louis de Bourbon par Cabaret d'Orville qui vante ses qualités de gestionnaire et de réformateur des finances ducales (Chronique du bon duc, p. 160-164, 275-280). Il était membre de la Cour amoureuse fondée en 1401 par Louis II et le duc de Bourgogne Philippe le Hardi (C. Bozzolo et H. Loyau, La cour amoureuse dite de Charles VI, I, n°201, p. 139).
3. Il s'agit de Guillaume de Montrevel. Son nom lui vient de son mariage avec Marguerite l'Hermite de La Faye, dont les possessions s'étendaient en Bourbonnais et en Auvergne. Proche de Louis II de Bourbon, ce dernier le désigne comme l'un de ses exécuteurs testamentaires en janvier 1409 (Paris, Archives nationales, P 1370/1, n°1878 ; Chronique du bon duc, p. 314). Il est aussi conseiller et chambellan de Charles VI, membre de la cour amoureuse. Il combat à la bataille de Roosebeke. Lieutenant de la sénéchaussée de Beaucaire en 1389-1390, il y exerce comme sénéchal en 1403-1407, 1410-1412 et 1412-1413. Christine de Pizan le mentionne dans son Débat des deux amans (A. Bossuat, "Un ordre de chevalerie auvergnat : l'ordre de la Pomme d'or", p. 11 ; C. Bozzolo et H. Loyau, La cour amoureuse dite de Charles VI, I, p. 140 ; A. Demurger, "Guerre civile et changements du personnel administratif", p. 255 ; Cte de Remacle, "Les l'Hermite de La Faye", p. 191-196).
Édition : Olivier Mattéoni .
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