1389, 26 mai. — Paris.

Louis, duc de Bourbonnais etc., tient quittes Guillaume Bardelin et Marguerite, sa nièce, du tiers des sommes de deniers et des redevances que lui devait feu Jean Bardelin, leur frère et père, sur l'état de ses comptes alors qu'il était receveur de Moulins, mort lors de l'épidémie qui a sévi à Moulins en 1383.


A. Original sur parchemin, jadis scellé du sceau du secret sur simple queue aujourd'hui arrachée. 450 x 250 mm. Paris, Archives nationales, P 1355/2, n°100.

Analyse : Titres de Bourbon, II, n°3766, p. 25.


Loÿs, duc de Bourbonnois, conte de Clermont et de Forez, per et chamberier de France, a noz amez et feaulx gens de noz comptes, salut. Oyé avons la supplicacion de Guillemin Bardelin1 contenant que comme feu Jehan Bardelin2 son frere ais esté nostre receveur de Moulins par trois annees pendant lequelles, avant qu'elles feussent du tout acomplies, icellui Jehan Bardelin, sa femme et sept de leurs enfans feussent alez de vie a trespassement l'an mil CCC IIIIXX et trois que la mortalité estoit tres grande a Moulins, et laissa icellui Jehan Bardelin une petite sienne fille mendre d'aage, sa heritiere, de laquelle ledit suppliant a la tutelle et gouvernement, lequel Jehan Bardelin avoit a compter de sadicte recepte au jour de son trespas d'une desdictes annees, aprés la mort duquel receveur vous eussiez fait reprandre audit suppliant qui ne savoit le fait dudit feu son frere et ne trouva point toutes ses descharges, la recepte et despense de ce dont ledit Jehan avoit compter et lui en fistes rendre compte en nostredicte chambre, par la fin duquel compte icellui suppliant demoura en debte envers nous en la somme de trois cens quarente cinq livres tournois et en certaine quantité de blez, vins, cire et autres choses ; et pour ce que ledit Jehan avoit encommancié la recepte de l'annee qu'il morut et receu les tailles d'aoust d'icelle annee, vous chargates ledit Guillemin de recevoir le demourant et en a rendu compte, et aussi le chargastes de ladicte recepte, laquelle il a tenue et gouvernee depuis la mort de sondit frere quatre ans compris celle que son frere avoit encommancee, desquelles il a compté et en est demorez en debte envers nous tant pour le restat de son dit frere comme par la fin du compte des dictes IIII annees qu'il a esté receveur en la somme de deux cens quatre vins et dix livres tournois, cinq muys trois sextiers et deux quartes de froment, un muy sept sextiers de soigle, cinq sextiers et une quarte de feves, dix muys et trois sextiers d'orge, six vins onze livres de cire, quarente six oes, vint et quatre livres d'uille et treze cens et quarente six gelines, si nous a humblement requis et supplié ledit Guillemin que, consideré les choses dessus dictes et que aprés la mort dudit Jehan Bardelin le fait de sondit frere fu et a esté moult empeschez et la plus grant partie de ses papiers, livres et descharges perduz pour ce que pour doubte de la mortalité et expedimie qui lors couroit audit lieu de Moulins ou ledit Jehan Bardelin trespassa, aucuns n'osoit aller ne converser la ou ledit Bardelin et les autres estoient malades mais estoient tous ainssi comme habandonez, et aussi que la dicte Marguerite, fille du dit feu Jehan Bardelin, est a present grande et preste de marier et en avanture de perdre son assignement pour doubte dudit debte, nous pleust sur ce impartir nostre grace et misericorde audit suppliant et a ladicte Margerite sa niepce. Nous, actendu et consideré ce que dit est, ayans pitié et compacion dudit suppliant et de ladicte Marguerite et pour ce qu'elle puisse estre mieux et plus tost mariee, nous leur avons donné, remis et quicté et par ces presentes donnons, remectons et quictons de grace especial la tierce partie des sommes de deniers, blez, grains, cire, gelines et autres choses dessus dictes en quoy il nous sont tenus par la fin desdiz comptes. Si voulons et vous mandons que vous tenez et faictes tenir quictes et paisibles lesdiz supplians et Marguerite et leurs hoirs de la dicte tierce partie et la leur rabatez de ce qu'il nous doyvent a cause desdiz restas sanz aucun contredit ou difficulté par rapportant ces presentes ou vidimus d'icelles tant seulement, non obstant ordenances, mandemens et deffenses a ce contraires. Donné a Paris, soubz nostre seel secret en l'absence du grant, le XXVIe jour du mois de may, l'an de grace mil CCC IIIIXX et neuf.

Par monseigneur le duc, present monseigneur de Norry3.

(Signé :) J. Babute.


1. Guillaume Bardelin, frère de Jean Bardelin, est attesté comme receveur de la châtellenie de Moulins du 7 décembre 1386 jusqu'en 1389 : Abbé P. Dumont, Le chapitre collégial de Notre-Dame de Moulins, p. 56.

2. Jean Bardelin a été receveur de la châtellenie de Moulins de 1380 au moins à sa mort en 1383.

3. Originaire du Nivernais, Pierre de Nourry est l'un des principaux conseillers de Louis II. Il est attesté comme conseiller du début de 1360 à 1410. Il occupe la charge de lieutenant général à plusieurs reprises à partir des années 1370 jusqu'à la fin du principat du duc en 1410 (A. Leguai, De la seigneurie à l'État. Le Bourbonnais pendant la guerre de Cent Ans, p. 283-291 ; O. Mattéoni, "Entre fidélité et compétence. Les conseillers du duc Louis II de Bourbon", p. 180 et 183 et suiv.). Il fait l'objet d'un jugement élogieux dans la Chronique du bon duc Louis de Bourbon par Cabaret d'Orville qui vante ses qualités de gestionnaire et de réformateur des finances ducales (Chronique du bon duc, p. 160-164, 275-280). Il était membre de la Cour amoureuse fondée en 1401 par Louis II et le duc de Bourgogne Philippe le Hardi (C. Bozzolo et H. Loyau, La cour amoureuse dite de Charles VI, I, n°201, p. 139).

    Édition : Olivier Mattéoni .

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