1379, 20 août. — Moulins.
Louis, duc de Bourbonnais etc., à la demande des religieux du Montet, lève la mainmise du bois de Mondrié ("Monderie") qui avait été prononcée par Jacquet Boubilhet, garde-marteau général des forêts ducales, contre lesdits religieux, ces derniers expliquant que la moitié du bois leur avait été donnée par les prédécesseurs du duc et que l'autre moitié avait été acquise par leur soin. Ils présentèrent au conseil ducal à l'appui de leur requête un livre qui prouvait qu'ils avaient le droit de jouir du bois et des terres de Mondrié.
A. Original perdu, "scellé de cire rouge", d'après B.
B. Vidimus original sur parchemin, daté du vendredi fête de l'Apparition de Notre-Seigneur 1384. Paris, Archives nationales, P 1378/2, n°3082.
Analyse : Titres de Bourbon, I, n°3433, p. 603.
Loÿs, duc de Bourbonnois, compte de Clermont et de Forez, per et chamberier de France, a tous ceulx qui ces presentes lettres verront, salut. De la partie de noz bien amés les religieux, prieur et convent du Montet1, nous a esté signiffié que, comme noz predecesseurs fondeurs de ladicte yglise eussent et aient ja pieça donné a ladicte eglise la moité du boys de Monderie avec certain grant quantité de terres appartenant a yceluy boys, et l'autre moité dudit boys de Monderie ait esté acquise par les predecesseurs desdiz signiffians si comme toutes ces chouses il disent plus a plain apparoir par un certain livre, ouquel sont contenuez les chouses dessus dictes avec plusieurs autres touchant ladicte eglize, et d'yceulx boys et terres ayent joÿ lesdiz signiffians et leurz predecesseurs par avant, et depuys certain empeschement qui mis leur y a esté depuis le temps d'yceulx don et acquisicion juques a un an ou environ que par Jaquet Boubilhet, garde du martel general nouvellement ordené sur le fait de noz fourez, il ont esté empesché audit boys, lequel icelui Jaquet a mis en nostre main et d'ycelui leur a deffendu et fait deffendre tout exploit et telement les a empesché que, d'icelui boys et desdictes terres, il ne puent joïr combien que oudit livre, lequel pour ce il ont appourté par devant nous, presenz les gens de nostre conseilh, et le nous ont monstré soit contenu et escript yceulx boys et terres appartenir esdiz signiffians par la maniere que dit est dessus, c'est asavoir a titre de don et d'acquisicion, en nous humblement supplient sur ce gracieusement pourvoir. Pour quoy nous qui ne voulons les biens et chousez des eglisez entre empeschees sans cause et par especial de ladicte eglise du Montet, de laquelle nozdiz predecesseurs furent fondeurs comme dit est, veu aussi ledit registre ausdiz signiffians, de nostre certaine science et grace especial ledit boys de Monderie et les terres dont dessus est fete mencion appartenans audit boys avons delivré et delivrons a plain et voulons que, d'yceulx boys et terres contenuz et declarés audit registre, il joÿsent et puissent joïr doresenavant comme de leur propre heritage et nostre main que mise y a esté avons levee et levons a leur proffit, reservé toutezfois a nous l'achate oudit boys et tel droit de justice, forestage et percieres qui esdiz boys et terres nous puent ou pourroient appartenir. Si donnons en mandement a noz amez et feaulx gens de noz comptes presenz ou avenir que lesdiz signiffians facent et suffrent joïr et user de nostre presente grace sans les molester ou contraire. En tesmoing de ce, nous avons fait metre nostre seel a ces lettres. Donné en nostre ville de Molins, le XXe jour d'aoust, l'an de grace mil CCC LXXIX.
Par monseigneur le duc, present monseigneur de Norry2.
(Signé :) L. de Pierrepont.
1. Le Montet : Allier, ar. Moulins, c. Souvigny.
2. Originaire du Nivernais, Pierre de Nourry est l'un des principaux conseillers de Louis II. Il est attesté comme conseiller du début de 1360 à 1410. Il occupe la charge de lieutenant général à plusieurs reprises à partir des années 1370 jusqu'à la fin du principat du duc en 1410 (A. Leguai, De la seigneurie à l'État. Le Bourbonnais pendant la guerre de Cent Ans, p. 283-291 ; O. Mattéoni, "Entre fidélité et compétence. Les conseillers du duc Louis II de Bourbon", p. 180 et 183 et suiv.). Il fait l'objet d'un jugement élogieux dans la Chronique du bon duc Louis de Bourbon par Cabaret d'Orville qui vante ses qualités de gestionnaire et de réformateur des finances ducales (Chronique du bon duc, p. 160-164, 275-280). Il était membre de la Cour amoureuse fondée en 1401 par Louis II et le duc de Bourgogne Philippe le Hardi (C. Bozzolo et H. Loyau, La cour amoureuse dite de Charles VI, I, n°201, p. 139).
Édition : Olivier Mattéoni .
Consulter la bibliographie — Afficher le XML source de l'acte — Afficher la version pdf de l'acte.