1376, 6 novembre.

Louis, duc de Bourbonnais etc., répond à la requête des habitants de Souvigny en leur accordant pour un an, à compter de la prochaine Saint-Martin d'hiver, l'autorisation de lever une maille sur chaque pain vendu au détail dans leur ville pour la réparation des murailles dont un pan de mur vient de s'effondrer récemment.


A. Original sur parchemin, signé, jadis scellé sur simple queue aujourd'hui arrachée. 270 x 190 mm. Paris, Archives nationales, P 1376/2, n°2717.

Analyse : Titres de Bourbon, I, n°3350, p. 589. – L. Côte, Histoire du prieuré clunisien de Souvigny, n°215, p. 357.


Loÿs, duc de Borbonnois, conte de Clermont et de Fourois, per et chambarier de France, a touz ceulx qui verront ces presentes lettres, salut. Les bourgois et habitenz en nostre ville de Souveigni1 sont venu par devers nous et nous ont exposé en compleignent que ung grant pan de mur de nostredite ville est cheuz de nouvel par pié ; item et que en ladicte ville sont necesseres pluseurs reparacions comme garlendreiz2 de tourz et eschiffes3, recurer foussez et autres choses neccesseres a ladicte reparacion, lesquelles choses il n'ont pooir de fere sanz notre aide ; consideré les granz frais, missions et despens qu'il ont soutenu ça arriers a cause de ladicte repparacion et pour les genz d'armes qui du tout les ont desciz, et aussi leur grant perte qu'il ont sofferte en l'annee passee pour cause de la bature par laquelle il perdirent du tout en tout la despoille de leur terres et possessions, et pour ce nous ont requis et humblement suplié que, afin qu'il puissent fere lesdictes repparacions neccesseres en ladicte ville comme dit est, que nous leur vousissons octroier une mailhe sur chascun pain vendu en ladicte ville a detail, en oultre le pris a quoy ledit pain sera detaillé, pour convertir a ladicte reparacion. Pour quoy nous, oÿ leur requeste, heu consideracion sur ce avec nostre grant conseilh, vehu et regardé le grant peril en quoy ladicte ville est a present et le grant domage qui s'en pourroit ensigre s'il avenoit que nostredicte ville fust prise et occupee par les enemis du royaume, que ja Dieux ne veuille, voulanz sur ce pourveoir dehuement, esdiz bourgois et habitenz avons octroié et octroions par ces presentes de grace expecial qu'il puissent avoir, prendre, cuilhir et recevoir une mailhe sur chascun pain qui sera vendu en ladicte ville, en oultre le pris a quoy il sera detaillé, le terme d'un an a compter par comancemant du jour de la Saint Martin d'yver prouchain venent jusques a ce que ledit an soit acompli, tant seulement pour convertir a ladicte repparacion comme dit, porvehu que du proffit de ladicte maille et de la despensse il comptent a nos genz pour savoir comme elle sera despensee et en quelx usaiges. Si mandons a touz nos justiciers, officiers et subgiz que lesdiz bourgois et habitenz de nostredicte ville facent et sueffrent joïr de notre present octroy sanz eulx molester au contraire, en contraignent a ce touz rebelles rigoreusement et sanz espargne quar ainssi le voulons estre fait, et esdiz bourgois et habitenz l'avons octroié et octroions de grace especial comme dit est. Donné soubz notre seel, le VIe jour du moys de novembre, l'an mil CCCLX et seze. Proveu que a ce se consente le prieur de Sovigny et la plus grant et saine partie de la dicte ville. Donné comme dessusa.

Par le conseil estant a Sovigny, ouquel estoit mesire de Norry4.

(Signé :) J. Baudereu.


1. Souvigny : Allier, ar. Moulins, ch.-l. c.

2. Dans le sens de "cloison, construction de briques".

3. Dans le sens de "fortification flanquante, guérite ou abri de garde".

4. Originaire du Nivernais, Pierre de Nourry est l'un des principaux conseillers de Louis II. Il est attesté comme conseiller du début de 1360 à 1410. Il occupe la charge de lieutenant général à plusieurs reprises à partir des années 1370 jusqu'à la fin du principat du duc en 1410 (A. Leguai, De la seigneurie à l'État. Le Bourbonnais pendant la guerre de Cent Ans, p. 283-291 ; O. Mattéoni, "Entre fidélité et compétence. Les conseillers du duc Louis II de Bourbon", p. 180 et 183 et suiv.). Il fait l'objet d'un jugement élogieux dans la Chronique du bon duc Louis de Bourbon par Cabaret d'Orville qui vante ses qualités de gestionnaire et de réformateur des finances ducales (Chronique du bon duc, p. 160-164, 275-280). Il était membre de la Cour amoureuse (C. Bozzolo et H. Loyau, La cour amoureuse dite de Charles VI, I, n°201, p. 139).

  1. Proveu que a ce se consente le prieur de Sovigny et la plus grant et saine partie de ladite ville. Donné comme dessus, rajouté entre la date et la mention du conseil.

Édition : Olivier Mattéoni .

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