1431, 13 août. — Angers (Château).
Yolande, reine de Jérusalem et de Sicile, duchesse d'Anjou, etc., lieutenant général de son fils Louis III, accorde en dot à sa fille Yolande, promise à François, comte de Montfort et fils aîné de Jean V de Bretagne, les terres de Beaufort1 et de Chateaufromont2, en se réservant la possibilité de racheter Beaufort pendant 10 ans pour 68000 écus d'or, et en autorisant les Bretons à conserver Chateaufromont en pur gain, et, comme le transfert de Beaufort n'est pas possible de présent, la reine promet de l'entériner sous un mois, et d'envoyer en otage à Nantes les seigneurs de la Tour et de Martigues, ainsi que les juge et trésorier d'Anjou, pour garantir sa promesse, et si celle-ci n'est pas tenue, alors la ville de Sablé3 serait donnée au duc de Bretagne sous huit jours, et si aucune de ces places ne pouvait être livrée, alors les otages payeraient au duc de Bretagne les 68000 écus prévus pour le rachat de Beaufort ; la reine promet également que Bertrand de Beauvau s'engagera à garder Condat et ses deux neveux au château d'Angers pour assurer le transfert de Beaufort, sous peine de se constituer lui-même otage, ainsi que d'envoyer à Nantes les lettres de l'acquisition de Chateaufromont du seigneur de Bueil, et d'acquitter cette terre des engagements envers plusieurs marchands nantais, et, enfin, de conduire sa fille à Nantes ou à Saint-Florent-le-Vieil4 le 21 août pour la célébration du mariage.
A. Original sur parchemin, jadis scellé sur double queue. Nantes, Archives départementales Loire-Atlantique, E 10, no8 [original numérisé].
Yolant, par la grace de Dieu royne de Jherusalem et de Sicile, duchesse d'Anjou, contesse de Prouvence, de Forcalquier, du Maine et de Pymont, ayant le gouvernement et administracion desdiz duchié et contez pour et de part nostre trés chier et trés amé ainsné filz Loys, par icelle mesmes grace roy des royaumes, duc et conte des duchés et contez dessusdiz, a touz ceulx qui ces presentes lettres verront, salut.
Comme le mariaige de nostre trés chier et trés amé ainsné filz Françoys, conte de Montfort, ainsné filz et heritier presomptif de nostre trés chier et trés amé filz le duc de Bretagne, a nostre trés chiere et trés amee fille Yolant, ait esté iapieca traicté, accordé, promis et juré, les fiansailles fetes et certaines lettres patentes fetes et passees sur ce d'une part et d'autre,
savoir faisons que nous, ayans ledit mariage pour trés agreable, desirans de tout nostre cuer le brief acomplissement et consommacion d'icelui, avons aujourd'uy, sans preiudice toutesfois des autres promesses et lettres sur ce fetes, mais en confirmacion d'icelle [comea] aux points non touchez en ces presentes, promis et accordé, promectons et accordons par ces presentes, les choses qui s'ensuivent,
c'est assavoir que pour tout le dot de nostredite fille et droit de succession, selon noz lettres qui sur ce se feroit, nous lui baillons, cedons et delaissons a tousjours mais perpetuelment par heritaige pour elle, nostredit filz et leurs enfens nez, procreez et descendens de leur char en la ligne d'elle, les conté, chastel, ville, chastellenie, terres et appartenances de Beaufort et de Chasteaufromont, avecques toutes et chacunes leurs appartenences, appendences et deppendences, sans riens en retenir, a nous fors seulement la souveraineté et autres droiz seignieuriaux que avons en ladite conté de Beaufort avant qu'elle vensist en noz mains, desquelx conté et chastel de Beaufort recouvrer et racheter nostredit frere nous donne grace de dix ans a compter du jour des lettres qui sur ce seront fectes, en lui payant la somme de soixante huit mil escuz d'or de soixante quatre au marc ou autre or a la valeur, comme plus a plain cestes choses et autres seront contenues ou contract dudit mariaige;
item, si le cas avient que ledit dot cheust en restitionb, avons esté et sommes contente que ladite terre de Chasteaufromont demeure en pur gaing a nostredit filz le conte et aux siens pour partie des fraiz des nopces;
item et pour ce que de present ne povons bailler la possession de ladite place de Beaufort a nosdiz frere et enfens, nous leur promectons par ces presentes par la foy et serement de nostre corps, sur nostre honneur, en parolle de royne et sur l'obligacion de touz et chacun noz biens meubles, imeubles et heritaiges, presens et a venir, leur bailler et delivrer ladite place franchement dedens un moys a compter du jour d'uy, et, affin qu'il ny ait faulte et pour plus grant seurté de nosdiz enfens envoyerons pour ce tenir hostages a Nantes les seigneurs de la Tour et de Martigue, et les juge et tresorier d'Anjou, lesduelx se constitueront hostaiges et se obligeront, et chacuns d'eulz pour le tout, envers nostredit frere, que nous lui delivrerons ladite place de Beaufort dedens ledit moys, ou en deffault de ce que dedens huit jours aprés ensuivant, lui baillerons et delivrerons les chastel, ville, baronie et appartenence de Sablé, et en lui delivrant l'une desdites places seulement, laquelle qu'il nous sera possible, il sera tenu quicter et delivrer, quictera et delivera franchement lesdiz hostaiges sans plus les povoir retenir en quelconque maniere ne pour quelconques causec, et, en deffault de lui delivrer l'une desdites places dedens le temps dessusdit, se obligeront de lui payer et lui payeront lesdiz hostaiges ladite somme de lxviiim escuz d'or de lxiiii au marc, et pourra ledit beau frere fere fere execucion sur leurs biens ainsi qu'il lui plaira jusques au parpayement de ladite somme de lxviiim escuz, et ce nonobstant tendront hostaiges comme dessus jusques audit parpayement, lequel fait, il sera tenu les delivrer franchement, et neantmoins ladite execution, toutes et quantesfoiz que nous ou noz ayans cause baillerons a nostredit frere ou a nosdiz enfens ladite place de Beaufort ou celle de Sablé, comme dit est, ou a leurs heritiers ou ayans cause, ou a leur comisd, ilz seront tenuz rendre et restituer ausdiz hostaige tout ce qu'ils auront eu et receu d'eulx a l'ocasion dessusdite;
item ferons que Bertran de Beauvau baillera son seelle de bien et surement garder Condat ou ses deux nepveuz en hostaiges ou chastel d'Angiers, affin qu'il rende ladite place de Beaufort dedens ledit moys pour acquicter lesdiz hostaiges, et, s'il y avoit faulte, il rendra ledit Condat ou sesdiz nepveuz a nostredit frere et ausdiz hostaiges assembleement pour s'en aider au bien de la delivrance desdiz hostaiges ainsi que par eulx sera advisé, et, en cas de deffault yra lui mesmes tenir hostaige a Nantes comme les autres dessusdiz;
et, avec ce, avons promis et juré, promectons et jurons comme dessus a nosdiz frere et enfens leur bailler ou fere bailler a Nantes dedens lundi prouchain pour tout le jour les lettres du contract de l'aquest par nous fait du seigneur de Bueil de ladite terre de Chasteaufromont, ensemble les lettres du contract dudit mariaige expediees en bonne forme ainsi que au cas appartient, et audit lieu fere acquicter ladite terre de Chasteaufromont envers certains marchans de Nantes ausquelx elle est obligee,
et, en oultre, jurons et promectons a nostredit frere comme dessus rendre, mener et conduire a nostredite fille a Nantes ou a Saint Florent le Viel, le quel qu'il plaira a nostredit frere pour fere lesdiz espousailles, le mardi qui sera xxie jour de ce present moys d'aoust,
et a toutes et chacune les choses dessusdites faire tenir, fourmer et acomplir de point en point de bonne foy, et aussi a leur rendre et payer touz loyaulx cousts et mises qu'ilz feroyent par nostre deffault de non accomplir les choses dessusdites, avons oblié et ypothequé, obligeons et ypothequons expressement par ces presentes, de nostre certaine science, touz et chacuns nos biens meubles, immeubles et heritaiges, presens et a venir, en quelque lieu et jurisdicion qu'ilz soyent assis,
et icelles choses avons jurees et promises, jurons et promectons par ces presentes aux sains euvangiles de Dieu, par la foy et serement de nostre corps, en parole de royne, et par nostre honneur, sans jamais fere ne venir en contre par nous, ne par autre directement ou indirectement, ne autrement, en quelque maniere que ce soit, et avons renoncé, et par expres renoncons par ces presentes de nostre certaine science, a toute excepcions de fraude, de malice, de dol, de circunvencion de chose non ainsi fete, au benefice du droit de velleyan introduit en faveur des femmese, au droit aussi de benefice de division, et a toutes dispenses octroyees et a octroyer, et generalment a toutes exepcions et autres benefices, droiz, raisons, allegacions, usaiges, coustumes et autres quelxconques choses qui pourroyent estre dites, proposees, observees ou alleguees contre l'effect, teneur et substance des choses dessudites ou d'aucune d'icelles.
En tesmoing de ce, nous avons fait mectre nostre seel a ces presentes.
Donné en nostre chastel d'Angiers le xiiime jour d'aoust, l'an de grace mil cccc trente et un.
(Signé :) Yolant.
Par la royne en son conseil, ouquel les seigneurs de la Tour et de Martigue, Vrant, Bertrand de Beauvau, le juge d'Anjou et autres estoient.
(Signé :) Alain.
come] dubito.
restition] sic A pro reddition.
et en lui delivrant l'une desdites places... ne pour quelconques cause] om.; add. in fine cum donné comme dessus.
ou celle de Sablé... ou a leur comis] om.; add. in fine cum donné comme dessus.
droit de velleyan] senatus-consulte de Velleius Tutor et de Silanus qui accorde droit à la femme sur les biens de son mari par privilège sur les autres créanciers [DMF].
Édition : Jean-Damien Généro .
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