1421, 28 juin. — Tarascon (Château).

Yolande, reine de Jérusalem et de Sicile, duchesse d'Anjou, etc., ayant le gouvernement de ses enfants mineurs, vidime et confirme, en son nom et en celui de son fils René, les lettres du cardinal-duc Louis Ier de Bar datées du 23 octobre 1420 et relatives au douaire d'Isabelle de Lorraine, mariée à Réné d'Anjou, et promet que ce dernier en fera autant lorsqu'il sera en âge de le faire.


A. Original sur parchemin, signé par le secrétaire Jean Michel, jadis scellé sur double queue. 515 x 560 mm. Paris, Archives nationales, P 1334/18A, no72 [original numérisé].


Yoland par la grace de Dieu royne de Jherusalem et de Sicile, duchesse d'Anjou, contesse de Provence, de Forcalquier, du Maine et de Pymont, aïant la garde, administration et gouvernement de noz enfans mineurs d'ans et de leurs paÿs, terres et seignouries, a tous presens et a venir, salut.

Comme nostre tres chier et tres amé oncle le cardinal de Bar, pour les causes et consideracions qui a ce le meuvent, de sa grace et courtoisie, eust autresfoiz enherité nostre tres chier et tres amé filz a present duc de Bar, marquis du Pont et conte de Guise, desdiz duchié et marquisie du Pont, et depuis se soit nouvellement departi au proffit de nostredit filz du nom de duc et de l'usuffruit qu'il avoit retenu en plusieurs bonnes villes, chasteaulx, forteresses, terres et seignouries appartenans et appendens ausdiz duchié et marquisie, en entencion de faire le mariage de nostredit filz et de nostre treschiere et tres amee cousine qui lors estoit, et a present est nostre fille, Ysabel de Lorraine, ainsnee fille de nostre tres chier et tres amé cousin le duc de Lorraine et marchis, lequel mariage est a present accompli, et a cause d'icellui mariage nostredit oncle ait voulu, consenti et accordé que nostredicte fille feust doee par la fourme et manierea contenues en ses lettres desquelles la teneur s'ensuit :

Loys, par la grace de Dieu cardinal duc de Bar, seigneur de Cassel, a tous ceulz qui ces presentes lettres verront, salut. Le bien de paix estre le plus excelent de tous biens, Ysaÿe le prophete demonstre en ses prophecies, qui appella nostre seigneur, pour lors a venir, prince de paix, en la nativité glorieuse et naissance duquel la compaignie des anglesb chantoient gloire ou ciel et paix en terre aux hommes de bonne voulenté, et comme la voix du prophete le dist et denonca de nostre saulveur avant sa venue, ainsi fut il depuis en lui mesmes accompli, car sa parole enseigna paix, aussi par exemple et par l'effusion de son propre sang et (pliure) paix entre Dieu et l'umain lignage et icellui (pliure) a la gloire de paix pardurable, de laquelle estoit (pliure) et (pliure) par le pechié du premier homme, en desirant de tout nostre cuer et pensee icelle paix, et pour ce que es duchiez, paÿs et seignouries de Lorraine et de Bar qui sont joingnans, enclavez et marchissans l'un a l'autre en plusieurs parties d'iceulx, comme chacun scet, ou temps passé par plusieurs foiz et longuement par haynes entrefaictes et autrement a l'instigation de l'ennemi y ont esté engendrees et nourries tres grans divisions, dissencions, descortz, guerres, mutilacions, effusion de sang, feux, boutez et autres maulx inumerables en faiz, et que vraysemblablement se pourroient ensuir de jour en jour se remede n'y estoit mis, pour iceulx obvier, resister et entretenir lesdiz deux paÿs et seigneuries en bonne amour, accord, unité, paix et transquilité, nostre tres chier et tres amé cousin le duc de Lorraine d'une part et nous d'autre part, avons par le bon accord et meure deliberacion sur ce devant eue traicttié et appointié le mariage de nostre tres chier et tres amé nepveu messire René d'Anjou, marquis du Pont et conte de Guise et nostre tres chiere et tres amée cousine Ysabel de Lorraine, ainsnee fille de nostredit cousin de Lorraine, lequel mariage est fait, assouvy et celebré en saincte eglise, en traictant du quel mariage, entre les autres choses, a esté accordé et appointié entre nostre cousin et nous, que ou cas que nostredicte cousine survivra nostredit nepveu et qu'ilz n'auront hoirs nez et procreez de leurs corps en loïal mariage, nostredicte cousine, soit et demeure doee de cinq ml livres de terres, pour lesquelles ou cas dessus dit lui est assigné le chastel de Mousson, la ville, cité, prevosté et chastellenie du Pont et de Mousson en tel pris comme lesdiz chastel de Mousson, la ville, cité, prevosté et chastellenie se pourront estendrec, et le surplus desdictes vm livres de terre au plus prez que faire se pourra sur les choses que desja et presentement par avant la date de ces presentes avons donné a nostredit nepveu sans ce qu'elle aye autre forteresse que ce que dit est, pour ou dit cas joÿr, user, exploittier realment et de fait par nostredicte cousine sa vie durant tant seulement desdiz chastel, ville, cité, prevosté et chastellenie de Mousson et du Pont et de toutes les appartenances et deppendences, avec aussi de tous les proffiz yssues et revenues d'iceulx en souveraineté en seigneurie, haulteur, en hommaiges, fiefs, arrierefiefs, en justice haulte, moïene et basse, en amendes, en boiz, en forests, en molins, en eaues, en rivieres, en estangs, en viviers, en pescheries, en prez, en vignes, en terres arables et non arables, en rentes, censes d'or et d'argent, de blez, d'avoines, de chapons, de gelines, en trouees, en dons, en demandes, en aides, tailles et autres debitz, en vuaries quelles quelles soient, et generalment en toutes et singulieres choses et autres appartenances quelzconques, et en chacune d'icelles quelle que elles soient ne comment l'en les puisse nommer, sans riens ne acques excepter, retenir, ne hors mettre en telle prisee comme lesdiz chastel, ville, cité, prevosté et chastellenie du Pont et de Mousson se pourront extendre, et parfaisant ce qu'il fauldroit desdiz vm livres de terre au plus prez que faire se pourra, sans forteresse et sans malengin, comme dit est, toutes lesquelles choses nostredicte cousine esdiz cas aura, tendra, possedera realment et de fait sans debat ou contredit quelconque sa vie durant tant seulement, se ainsi estoit que nous feuffions en vie au jour et a l'eure du trespassement de nostredit nepveu ; maiz ou cas que nous serions allez de vie a trespassement avant nostredit nepveu, a esté accordé et appointé que nostredicte cousine eust et emportast pour son douaire la ville, chastel, chastellenie et prevosté de Fou et des appartenances, a telles prisees comme se pourroient extendre, en parfaisant le surplus desdiz vm livres de terre au plus prez sur les autres terres que donnons promptement a nostredit nepveu, sans forteresse, pour joÿr, user et exploictiez realment et de fait par nostredicte cousine ou son certain commandement desdiz chastel, ville, chastellenie et prevosté de Fou, des appartenances et appendences, et de tous les fruiz yssues et revenues par la fourme et maniere que dit est du chastel, ville, cité, prevosté et chastellenie du Pont et de Mousson, se nous survesquiens nostredit nepveu ; et s'il avenoit que nostredicte cousine survesquist nostredit nostredit nepveu, et qu'elle [eust hoirs survesquansd] nostredit nepveu, nez et procreez de nostredit nepveu et d'elle en loyal mariage, oudit cas nostredicte cousine n'auroit que quatre mil livres de terres assignees comme dessus, et aprez le trespas de nostredicte cousine se elle n'a hoir de son corps né et procree de nostredit nepveu et d'elle, lesdictes places que elle auroit tenues pour son douaire, et toutes les rentes, revenues et possessions qui lui seroient assignees au plus prez et environ pour assoir sondit douaire, retourneront et revendront liberalment, franchement et quittement, realment et de fait, a nous se nous sommes en vie, et se non, a cellui ou ceulx a qui ou quelx appartendront lesdictes choses selon nostre disposicion faicte ou a faire, sans debat ou contredit quelconque des hoirs de nostredicte cousine ne d'autres a cause d'eulx ; item est encores accordé et apponctié que comme en traictant dudit mariage qui desja est parfait et assevy, nostredit cousin de Lorraine, comme gouverneur et mainboure de nostredit nepveu, aye en sa main plusieurs chasteaulx, cité, bonnes villes, forteresses et autres lieux, tous lesquelz quant nostredit nepveu sera aagié de quinze ans accompliz lui doit rendre et mettre en sa main realment et de fait, comme il appert plus plainement par auctres lettres sur ce faictes, assavoir est que non obstans lesdictes lettres ne autres promesses faictes par nostredit cousin a nous, noz hoirs ou aïans cause ou a nostredit nepveu, ses hoirs ou aïans cause, avant la date de ces presentes, nostredit cousin, ses hoirs ou aïans cause ou dit cas, ne seront point tenus de rendre ne mettre hors de leurs mains lesdiz chastelz, cité, bonnes villes, forteresses, places et autres choses dessusdictes, jusques a ce que nostredit nepveu aura asseuré deuement et suffisamment a nostredicte cousine son douaire par la fourme et manere dessudiz et declairez ; et aussi, ou cas que pendent ledit temps <que> nostredit nepveu ne seroit mie aagié de quinze ans il alast, ce que Dieu ne vueille, de vie a trespassement sans delaisser hoir de son corps, ou dit cas nostredit cousin devroit aussi rendre et restituer toutes lesdictes places, bonnes villes et chasteaulx a nous ou aux hoirs de nostredit nepveu, comme il appert aussi par autres lettres sur ce faictes, de ce est accordé et appointé que ou cas que nostredicte cousine le survesquiroit, nonobtans lesdictes lettres ne autres promesses faictes par nostredit cousin avant la date de ces presentes, nostredit cousin, ses hoirs ou aïans cause ne seront point tenus de rendre ne de restituer lesdiz chasteaulx, cité, bonnes villes, places et autres lieux jusques a ce que nostredicte cousine soit asseuree deuement et souffisaiment de son douaire par la fourme et maniere dessusdiz et declairez ; et ledit douaire asseuré par la fourme et manere dessudiz, sauf et reservé toujiours les cité, bonne ville [et forteresse et (lacuna)] baillees ou a bailler pour ledit douaire, les autres lettres dont dessus est faite mention demoureront en leur force et vertu et tout sans malengin ; toutes lesquelles choses dessusdictes et chacunes d'icelles nous, Loys, cardinal duc de Bar, seigneur de Cassel, dessus dit, avons pour nous, noz hoirs successeurs et aïans cause, promis et promettons par ces presentes en bonne foy et en vraie parole de prelat et de prince, et soubz l'obligacion de tous noz biens, des biens de noz hommes et femmes, meubles et immeubles, presens et a venir par tout, tout entretenir fermes et estables et accomplir sans aller au contraire par nous ne par autres de par nous en manere qu'il soit, renoncans quant a ce pour nous, noz hoirs et ceulx qui de nous auront cause, a toutes exceptions, decepcions de mal, de fraude, de barat, de lesion, de circunvencion, a tous droiz escrips et non escrips, canon et civil, a tous privileges et graces ou dispensacions de pape ou de roys, a tous usaiges et coustumes de paÿs, de villes, citez et autres lieux et a toutes autres choses quelzconques qui de droit, de fait ou de coustume pourroient estre dictes ou obiectes contre la teneur de ces presentes ou partie d'icelles, et que nous, noz hoirs successeurs et aïans cause, pourroient aidier ou relever a nostredit cousin et a nostredicte cousine sa fille, leurs hoirs ou aïans cause myce ou grevez, et especialment au droit disant generale renunciacion neant valoir l'especial non precedent. En signe de verité, nous avons fait mettre nostre seel a ces presentes qui furent faictes et donnees a Nancey le xxiiie jour d'octobre, l'an mil quatre cens et vingt.

Savoir faisons que, en entretenant et accomplissant ce que nostredit oncle a fait, nous, pour et ou nom de nostredit filz et comme aïant son gouvernement et administracion et nous faisant fort de lui en ceste partie, avons loé, gree, consenti et accordé ledit douaire tout par la fourme et manere que nostredit oncle l'a accordé, c'est assavoir des chasteaulx, cité, somme de rentes dont nostredicte fille est douee et dont es lettres cy dessus encorporees est faicte mencion, si nous faisons fort de nostredit filz que lui venu en aage il douera, loera, consentira et accordera pareillement et en baillera ses lettres telles et si bonnes comme au cas appartendra, et, ou cas que de ce faire nostredit filz seroit refusant, ce que Dieu ne vueille, nous voulons et nous plaist que nostredit cousin de Lorraine puist retenir en sa main les chasteaux, bonnes villes et forteresses de Mousson, du Pont a Mousson et de Briez, affin que nostredicte fille puisse estre plus seure de son douaire jusques a ce que nostredit filz, son mari, ait fait et accompli ce que dit est.

Toutes lesquelles choses nous, pour et ou nom de nostredit filz et nous faisant fort de lui, avons promis et promettons loyaulment et en bonne foy tenir, garder et accomplir sans contrevenir.

En tesmoing de ce, nous avons fait mettre nostre seel a ces presentes.

Donné en nostre chastel de Tharascon, le xxviiie jour de juing, l'an de grace mil cccc vingt et un, presens a ce reverend pere en Dieu, noz tres chiers et feaulx chancellier et conseillers, Ligiez, evesque de Gap, maistres Jehan Belart, doïen du Mans, licencié en droit canon et civil, Vital de Cabanes, juge des premieres appellacions de Provence, docteur, Thibault le Moine, licencié es loiz, advocat et procureur fiscal de Prouvence, Guillaume des Baux, gouverneur de Berre, Hugues Auduin, president de nostre chambre de la raison d'Aix, Philippin de Viette, tresorier general de Prouvence, Barthelemy et Gabriel Valorys, maistres de nostre hostel et pluseurs autres.

(Sur le repli, à gauche :) Par la royne en son conseil, ouquel estoient reverend pere en Dieu messire Ligier, evesque de Gap, chancellier et les autres dedens nommez et escrips.

(Signé :) Michael.


  1. Jusqu'à par la fourme et maniere, le texte est en tout point semblable à celui des deux actes du même jour (nos14210628a et n°14210628b) à l'exception de deux mots dans la mention du tutorat des enfants : l'acte no14210628a ajoute le bail à la garde, administration et gouvernement, mais il n'évoque que les terres et seignouries là où les actes nos14210628b et 14210628c ajoutent les paÿs.

  2. compaignie des angles] sic pro compaignie des anges.

  3. comprendre comme lesdiz chastel de Mousson, la ville, cité, prevosté et chastellenie [du Pont].

  4. eust hoirs survesquans] dans une pliure.

  5. mainbour] celui qui a la puissance paternelle sur un enfant mineur, tuteur (DMF).

Édition : Jean-Damien Généro .

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