1424 (Nat.), 22 mars. — Aversa.

Loys, par la grace de Dieu roy de Jherusalem et de Sicile, etc., a touz ceulx qui ces presentes lettres verront ou orront, salut.

Comme ia pieca, a supplicacion et requeste de noz amez et feaulx les bourgois et habitans de nostre cité d'Angers, nostre trés redoubtee dame et mere, pour lors ayant le bail, admistration et gouvernement de nous de noz seigneuries, et autres biens quelxconques, ait institué, commis, establi et ordonné cappitaine de nostre cité d'Angers, nostre tres chier et feal chevalier, premier chambellan et conseiller, messire Pierre de Beauvau, seigneur dudit lieu, pour icellui office tenir, avoir et excercer sa vie durant, aux gaiges, droiz, proffiz, emolumens, honneurs et prerogatives acoustumees et appartenans audit office, ainsi que de ce avons esté et sommes suffisaiment acertenez.

Savoir faisons que nous, venuz en l'eage de vingt ans et plus, ayans pour ce, tant de droit que de coustume, pleniere administracion de noz seigneuries et biens dessusdiz, en ensuivant les faiz et louables exemples de nostre tres redoubtee dame et mere dessusdicte, considerans aussi les bons, grans et agreables services que nostredit premier chambellan a faiz le temps passé a feu de grant et glorieuse memoire, Loys, second roy desdiz royaumes, nostre tres redoubté seigneur et pere, a nostre tres chiere dame et mere dessusdicte, et mesmement en la bonne garde, gouvernement, fortificacion et deffense de nostre cité dessusdicte durant la guerre des anciens ennemis du royaume de France, et que de present fait a nous, en propre personne, en la conqueste de cestdit royaume de sicile, et que esperons qu'il nous face ou temps ad venir, a icellui nostre premier chambellan, de nostre certaine science, propre mouvement et grace especial, avons aujourd'uy confermé, et confirmons par la teneur de ces presentes lettres, ledit office de cappitaine de nostre cité d'Angiers dessusdicte, avecques les gaiges, droiz, prouffiz, emolumens, honneurs et prerogatives acoustumees et appartenans a l'office dessusdit,

et, encores, en tant que mestier est, icellui nostre premier chambellan avons fait, et faisons par ces mesmes presentes, constituons, commettons, establissons et ordonnons de nouvel cappitaine de nostredicte cité d'Angers sa vie durant, aux gaiges, droiz, proffiz, emolumens, honneurs et prerogatines acoustumees et appartenans a l'office dessusdit,

auquel nostre premier chambellan, pour ce qu'il est personnelment occupé en nostre service en cestdit royaume de Sicile, avons de nostredicte certaine science donné, et donnons par ces presentes licence, faculté et puissance de servir oudit office et ycellui excercer durant le temps de son absence, et par lequel il sera resident en nostre compaignie, ou occupé en noz autres affaires, par substitut ou lieutenant habile, ydoyne et suffisant pour l'excercie d'icellui, des deffaulx duquel substitut ou lieutenant nostredit premier chambellan soit principalment tenu envers nous et nostre court,

et, neantmoins, que, durant sadicte absence, il puisse avoir, recevoir et percevoir lesdiz gaiges, emolumens et prouffiz acoustumés par chascun an entierement, comme s'il estoit resident continuelment oudit office en propre personne.

Si donnons en mandement a noz amez et feaulx les bourgois et habitans de nostredicte cité d'Angers dessusdictes, et autres a qui il appartendra, que, nostredit premier chambellan et cappitaine d'icelle nostre cité, en toutes et chascunes choses touchans et appartenans audit office, ilz aient recours a lui, ou a sondit substitut et lieutenant, et en icelles lui obeïssent et entendent diligemment, ainsi qu'il appartient oudit office, et que en cas semblable est acoustumé de faire,

mandons aussi et commandons a nostre amé et feal receveur ordinaire de nostre païs d'Anjou, present et a venir, que, a nostredit premier chambellan et cappitaine dessusdit, ou a son substitut lieutenant, ou autre son message ou procureur suffisanment fondé, il paie et delivre sesdis gaiges par chascun an entierrement, et sans diminucion aucune,

et, par rapportant ces presentes, ou vidimns d'icelles fait soubz seel auttentique une foiz seulement, avecques quictances suffisant de celluy ou ceulx qui receu auront lesdiz paiemens, nous voulons ce qui a la cause dessusdicte paié lui aura esté a son substitut lieutenant ou procureur, estre alloué es comptes et rabatu de la recepte de cellui ou ceulx qui paié l'auront, sans difficulté aucune, par noz amez et feaulx les gens de la chambre de noz comptes a Angers, auxquelx aussi par ces presentes mandons que ainsi le facent, nonobstans quelxconques ordonnances, restrictions, mandemens ou deffenses faictes ou a fere ou contraire.

En tesmoing de ce, nous avons fait mettre nostre grant seel a ces presentes, lesquelles, pour plus grant cautele, nous avons soubzcriptes de nostre main.

Donné en la cité d'Averse, le xxii^e jour de mars, l'an de grace mil cccc xxiiii, et de noz regnes le vii^me.

Par le roy, messire Tristan de Jaille, messire Elion de Faulcon, chevaliers, et autres presens.