Les actes princiers de la fin du Moyen Âge

Le projet de recherche « Actes princiers au royaume de France (xive-xvie siècle) » est une édition numérique des actes élaborés par les chancelleries de plusieurs princes et princesses de sang royal de la fin du Moyen Âge. Cet ensemble, en grande partie inédit, a pour but d'aider à mieux articuler les enjeux de pouvoir des princes médiévaux avec les logiques d'écriture de leurs chancelleries. Dirigé par le professeur Olivier Mattéoni de l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, il rassemble des équipes du Laboratoire de Médiévistique occidentale de Paris (CNRS-Paris 1), du Centre de recherches historiques (CNRS-EHESS), du Centre Jean Mabillon (ENC) et des Archives nationales de France, et a bénéficié de financements du LabEx Hastec et de l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.

L'étude diplomatique de l'acte princier

Si la diplomatique de l'acte princier a pris naissance en Allemagne dès la fin du xixe siècle avant d'intéresser les historiens français, force est de reconnaître que la période finale du Moyen Âge a longtemps été négligée au profit des xiie et xiiie siècles, prioritairement scrutée. Pour les xive et xve siècles, les corpus sont encore très dispersés même s'ils ont pris depuis quelque temps des couleurs. Ainsi les actes des ducs de Bretagne ont été mis en valeur depuis les années 1980 grâce aux éditions de Michael Jones, de Marjolaine Lémeillat et aux travaux de Jean Kerhervé, alors que les actes des ducs de Bourgogne ont fait l'objet d'éditions pour les ordonnances et de catalogues pour certaines productions. En parallèle, et sous l'effet de rencontres collectives — le Congrès international de diplomatique de Munich de 1983 et la table ronde Chambéry de 2008 —, des études de chancelleries princières ont été amorcées ou approfondies, de sorte que plusieurs d'entre elles sont aujourd'hui mieux connues sans que pour autant les actes eux-mêmes aient fait l'objet d'une édition. Ainsi, malgré la progression notable du nombre de travaux sur les chancelleries princières, si l'on compare cette production à celle qui s'attache aux actes et à la chancellerie des rois de France, force est de reconnaître que les chancelleries des princes de la fin du Moyen Âge souffrent d'un déficit d'études incontestable et que les corpus des principaux princes et maisons princières sont toujours en attente d'une édition.

Ce déficit tient sans doute au fait que, pour bien des princes français de la fin du Moyen Âge, il n'existe pas de corpus constitué. L'éclatement des sources entre différents dépôts éparpillés rend le travail de recensement difficile, et ce d'autant que, à la différence de la chancellerie du roi de France, plusieurs chancelleries princières n'ont pas développé de pratique d'enregistrement, ou alors seulement partielle.

Le projet de recherche « Actes princiers au royaume de France (xive-xvie siècle) » entend remédier à cette situation en permettant de consulter des actes princiers sous la forme d'une édition numérique.

Une édition numérique

Le corpus est constitué en majorité d'actes inédits — il ne s'agit pas de numériser des éditions anciennes, bien que plusieurs actes édités dans des ouvrages d'érudits ou des travaux scientifiques sont intégrés. Les actes sont répartis en fonction des maisons princières et du ou des individus au(x) nom(s) du ou desquels ils sont intitulés. Les éditions sont réalisées selon les normes scientifiques, avec regestes, tableaux de la tradition et notes tant paléographiques qu'historiques. Elles sont « numériques » dans la mesure où chaque acte est enregistré dans un document XML contenant son édition critique et un ensemble de métadonnées qui permettent d'indexer et d'interroger les caractères diplomatiques dans le cadre d'une base de données documentaire.

Cette base de données permet de considérer le site des Actes princiers comme un dispositif numérique de recherche. Il ne donne pas seulement à lire des documents médiévaux, mais permet également de faire des recherches dans les textes et des requêtes dans la base de données pour afficher des sous-ensembles en fonction des intérêts de l'utilisateur. Pour cela,

  • Les pages des actes proposent l'édition diplomatique à proprement dite, ainsi que plusieurs fonctionnalités.
    • Une carte localise le lieu indiqué dans la formule de datation
    • La photographie de l'acte est affichée lorsqu'elle est disponible. Chaque image est déposée dans l'entrepôt des données de la recherche Nakala et est affichée à l'aide du standard international IIIF, dont la visionneuse permet notamment un affichage en plein écran et d'effectuer un zoom profond et de haute qualité.
    • Les liens vers les numérisations des différents exemplaires, des ouvrages cités dans le tableau de la tradition ou en note, sont indiqués.
    • Les actes peuvent enfin être téléchargés dans les formats XML ou PDF.
  • Une recherche en plein texte dans l'ensemble du corpus est possible avec la fonction « Rechercher » de la barre de navigation.
  • Une carte montre les lieux indiqués dans les formules de datation de presque 700 actes, et affiche les actes qui y sont localisés, sur la page Carte.
  • Des requêtes peuvent être lancées selon différents critères documentaires, archivistiques et diplomatiques sur la page Exploration.
  • Une bibliographie est disponible sur la page Bibliographie.

Dans un premier temps, le travail de mise en ligne se concentre sur les documents du duc de Berry et des ducs de Bourbon et d'Anjou. Ces actes sont édités dans le cadre de différents travaux :

  • Un séminaire commun de l'École nationale des chartes et de l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne sur l'édition du corpus du duc Jean de Berry (1360-1416). À ce jour, 250 actes sont déjà édités, soit un peu plus d'un tiers des actes recensés pour ce prince ;
  • Des travaux universitaire sur les corpus des ducs et duchesse de Bourbon. C'est actuellement autour de 2000 actes de cinq ducs – Louis Ier (1310-1342), Pierre Ier (1342-1356), Louis II (1356-1410), Charles Ier (1434-1456) et Pierre II (1488-1503) – et trois duchesses – Anne Dauphine (1371-1417), Agnès de Bourgogne (1434-1476) et Anne de France (1488-1522) – qui sont aujourd'hui édités. Les actes de Jean Ier (1410-1434) et Marie de Berry (1410-1434), de Jean II (1456-1486) et Jeanne de France (1456-1482), et de Charles III (1505-1523) et Suzanne de Bourbon (1505-1519) sont en cours d'édition dans le cadre de masters.
  • Une thèse en cours sur la chancellerie des ducs d'Anjou.

Crédits

  • Direction du projet : Laboratoire de médiévistique occidentale de Paris (UMR 8589/ CNRS-Paris 1)
  • Direction scientifique : Olivier Mattéoni, professeur des universités à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (Lamop UMR 8589)
  • Direction technique : Jean-Damien Généro, ingénieur d'études du CNRS (CRH UMR 8558)
  • Chaîne de traitement des documents et structuration XML-TEI des textes : Jean-Damien Généro et Justine Chainiau, stagiaire de l'École nationale des chartes
  • Développement et maintenance de l'application : Gwenaël Rémond, Jean-Damien Généro. Remerciements : Nicolas Perreaux, chargé de recherches au CNRS (Lamop UMR 8589)
  • Maquette graphique : Hugo Chièze (CRH UMR 8558)
  • Financements : Labex Hastec, Lamop (UMR 8589), Centre Jean Mabillon (EA 3624), CRH (UMR 8558)
  • Partenaire : Archives nationales de France
  • Hébergement : IR* Huma-Num

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